Le rôle du thérapeute dans les situations de violences conjugales est à la fois délicat et essentiel. Le thérapeute a pour mission de soutenir, écouter, et guider les victimes. Leur intervention peut être déterminante pour aider à briser le cycle de la violence, restaurer l’estime de soi de la victime, et prévenir la répétition des comportements violents.
Le thérapeute va créer un espace sûr et non- jugeant
Pour qu’une victime puisse s’ouvrir sur la violence qu’elle subit, il est essentiel qu’elle se sente en sécurité et qu’elle sache qu’elle ne sera ni jugée ni blâmée. Le thérapeute doit instaurer un climat de confiance, un espace confidentiel où la victime peut s’exprimer librement. Une alliance thérapeutique va se mettre en place.
Écoute active et bienveillance : Le thérapeute doit faire preuve de compassion et d’empathie, sans minimiser les expériences vécues par la victime. Cela implique une écoute active et respectueuse qui lui permet de se sentir validée dans sa souffrance. La victime doit se sentir crue.
Respecter le rythme de la victime : Il est crucial de ne pas forcer la victime à révéler des informations ou à prendre des décisions avant qu’elle ne se sente prête. La confiance se construit progressivement et, pour beaucoup de victimes, ce processus peut être lent en raison des traumatismes subis.
Le thérapeute va identifier et évaluer la violence conjugale
La première responsabilité du thérapeute est d’identifier la présence de violences conjugales. Dans de nombreux cas, la victime peut ne pas reconnaître la nature abusive de la relation ou minimiser l'impact des violences subies. Le thérapeute, grâce à son expertise, ses outils doit savoir repérer les signes de violence psychologique, physique, verbale, économique, ou sexuelle, même si cela n’est pas immédiatement formulé par la victime.
Évaluer la gravité de la situation : Le thérapeute doit évaluer le risque pour la victime et, si besoin, poser des questions directes sur les comportements du partenaire, l’intensité de la violence, et la perception qu’a la victime de son propre danger.
Reconnaître les signes subtils : La violence peut parfois être subtile ou psychologique (contrôle, manipulation, isolement). Le thérapeute doit être attentif aux signes comme la peur, l’anxiété, les contradictions dans le discours, et les tentatives de justifier les comportements de l’agresseur.
Le thérapeute va informer la victime sur la dynamique de la violence
Une partie de l’aide thérapeutique consiste à informer la victime sur le cycle des violences conjugales et la dynamique abusive. La compréhension des mécanismes de contrôle et de manipulation peut aider la victime à mettre un nom sur ce qu’elle vit et à prendre du recul sur la relation.
Expliquer le cycle de la violence : En expliquant le cycle de tension, explosion et lune de miel, le thérapeute aide la victime à reconnaître les schémas et à comprendre que les périodes de calme ou de réconciliation ne signifient pas la fin de la violence.
Souligner l’importance des limites et du consentement : Le thérapeute peut également sensibiliser la victime à l'importance du respect des limites personnelles et du consentement, et l’aider à identifier les comportements qui sont inadmissibles dans une relation saine.
Le thérapeute va apporter un soutien psychologique et reconstruire l’estime de soi
La violence conjugale a un impact profond sur la santé mentale et l’estime de soi de la victime. Celle-ci peut avoir intériorisé les critiques et les humiliations de son partenaire, et souffrir de dévalorisation, de honte, de culpabilité, ou de troubles post-traumatiques.
Déconstruire la culpabilité et la honte : Le thérapeute aide la victime à comprendre qu’elle n’est pas responsable de la violence subie, en la soutenant dans un processus de reconnexion avec sa propre valeur. Cela est crucial pour briser le pouvoir destructeur de la manipulation et des critiques de l’agresseur.
Aider à reconstruire la confiance en soi : À travers ces outils, le thérapeute aide la victime à retrouver confiance en elle, à redéfinir ses limites et à reprendre un sentiment de contrôle sur sa vie.
Traiter les traumatismes : En cas de traumatismes profonds, le thérapeute peut également utiliser des techniques spécifiques comme la DTMA, l’hypnose, L’EFT….pour aider la victime à surmonter les effets du stress post-traumatique.
Le thérapeute va accompagner dans la prise de décision et l’autonomisation
Le thérapeute soutient la victime dans le développement de son autonomie et dans ses décisions, qu’il s’agisse de rester dans la relation ou de la quitter. La décision de partir est souvent difficile, et le thérapeute doit accompagner la victime sans la contraindre.
Aider à clarifier les options : Le thérapeute peut aider la victime à réfléchir à ses choix, en examinant les implications, les possibilités de soutien, et les ressources à sa disposition.
Favoriser l’autonomie : En encourageant la victime à prendre des décisions qui lui sont bénéfiques, le thérapeute soutient le développement de son autonomie et de son pouvoir de décision, qui peuvent avoir été érodés par la violence.
Le thérapeute peut établir un plan de sécurité
Si la victime est en danger, le thérapeute peut l’aider à élaborer un plan de sécurité. Ce plan consiste à préparer des actions concrètes pour assurer la sécurité immédiate de la victime, en particulier si elle décide de quitter la relation.
Définir un plan d’évasion : Le thérapeute aide la victime à identifier les lieux sûrs où elle pourrait se réfugier, les personnes de confiance à contacter, et les ressources de soutien (associations, hébergements d’urgence, etc.).
Informer sur les recours légaux et les ressources d’aide : Le thérapeute peut aussi guider la victime vers des associations de soutien aux victimes, des avocats, ou des services de protection, afin de l'aider à obtenir un soutien juridique et social.
En résumé
Le thérapeute joue un rôle crucial dans le contexte des violences conjugales, tant pour soutenir les victimes dans leur cheminement vers la guérison que pour sensibiliser et, si possible, accompagner les auteurs vers un changement de comportement. Grâce à son écoute, son soutien, et son expertise, le thérapeute aide les victimes à surmonter les traumatismes, à reconstruire leur estime de soi, et à se libérer du cycle de la violence. Les actions du thérapeute, qu'elles soient d'écoute, de sensibilisation ou d'accompagnement pratique, sont essentielles pour promouvoir un processus de guérison et de rétablissement.
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